Cameroun : vers l’auto-suffisance pharmaceutique

Le Cameroun détient une bonne position sur le continent africain en matière de résilience pharmaceutique. Lors de la 64e session du Comité régional de l’OMS Afrique, le 29 août 2024, le pays a présenté sa stratégie innovante pour renforcer l’accès aux médicaments et développer une industrie pharmaceutique locale solide.

L'engagement stratégique du Cameroun pour l'auto-suffisance

Face à la dépendance pharmaceutique persistante de l’Afrique vis-à-vis des multinationales, le Cameroun a décidé de prendre les devants. Le Ministre de la Santé Publique, Dr Malachie Manaouda, a mis en lumière la volonté politique et la vision stratégique du Cameroun pour transformer son secteur pharmaceutique en un pilier économique essentiel.

Selon une note du Ministère de la Santé Publique, le gouvernement camerounais a élaboré un cadre de concertation aligné sur la Stratégie Nationale de Développement à 2030 (SND30), visant à développer l’industrie pharmaceutique locale. À ce jour, 21 agréments ont été octroyés à des industries pharmaceutiques locales, permettant de couvrir entre 5% et 10% des besoins en fonction des typologies de médicaments et produits pharmaceutiques. Le Cameroun ambitionne d’atteindre un taux de couverture de 40% dans les prochaines années, marquant une avancée significative vers l'auto-suffisance.

L'appui institutionnel et réglementaire: un facteur clé

Pour garantir le succès de cette initiative, le Cameroun a également renforcé son cadre juridique et institutionnel. Le pays a ratifié un traité avec l’Agence Africaine du Médicament et s’est engagé à mettre en place l'Agence Camerounaise du Médicament, accompagnée d'une révision complète des instruments juridiques de régulation pharmaceutique. Ce cadre juridique solide est essentiel pour garantir la qualité des produits pharmaceutiques fabriqués localement et leur conformité aux standards internationaux.

Des institutions publiques telles que l’Institut de Recherches Médicales et d’Études des Plantes Médicinales (IMPM) et le Laboratoire National de Contrôle Qualité des Médicaments et Consommables Médicaux jouent un rôle crucial dans ce processus. Ces organismes assurent une meilleure coordination des activités de recherche et développement, renforcent les retombées économiques et garantissent l'accréditation des systèmes réglementaires camerounais aux normes internationales.

Vers une reconnaissance internationale

Le Cameroun, à travers l'engagement de son Ministre de la Santé Publique, vise non seulement à renforcer son secteur pharmaceutique, mais également à inspirer d'autres pays africains à suivre cet exemple. Lors de son intervention, Dr Malachie Manaouda, également troisième Vice-président du Conseil Exécutif de l’Organisation Mondiale de la Santé, a appelé l'OMS et ses partenaires à soutenir les efforts des États membres sur les plans technique et financier. Cet appel reflète une solidarité continentale et une volonté de bâtir une industrie pharmaceutique africaine forte et indépendante, capable de répondre aux besoins de ses populations.

Le Cameroun, par son engagement stratégique et ses réformes, s’affirme comme un modèle pour toute l’Afrique, offrant un espoir tangible d’auto-suffisance pharmaceutique pour le continent.