Le Cameroun fait face à une augmentation préoccupante du prix du riz, un aliment de base crucial pour de nombreux ménages. Cette situation, exacerbée par plusieurs facteurs économiques et structurels, met en lumière les difficultés croissantes des ménages à accéder à des denrées alimentaires essentielles.
Rareté du riz importé : une pénurie qui alimente l'inflation
Le riz, autrefois abordable, devient un produit de luxe pour de nombreux Camerounais. Les prix actuels oscillent entre 650 et 800 Fcfa par kilogramme, soit une hausse significative par rapport aux mois précédents. Cette flambée est principalement due à une pénurie de riz importé, comme l'explique Albert, un vendeur au marché Mfoundi de Yaoundé.
Selon lui, l’offre de riz importé, notamment thaïlandais et indien, a considérablement diminué, obligeant les commerçants à augmenter leurs tarifs pour maintenir leurs marges bénéficiaires.
La situation est similaire dans d'autres régions du Cameroun, où les habitants doivent également faire face à cette hausse des prix, rendant l'accès à une alimentation équilibrée de plus en plus difficile.
Préférences des consommateurs et spéculation : le cercle vicieux des prix
L'impact des préférences des consommateurs sur la hausse des prix du riz est un facteur non négligeable. Le riz thaïlandais et indien, plus prisé par les ménages camerounais, voit son prix augmenter en raison de sa forte demande.
Selon un sondage, 60% des ménagères camerounaises préfèrent le riz thaïlandais, contre 40% pour le riz indien et seulement 20% pour le riz pakistanais. Cette préférence crée une situation où les commerçants profitent de la rareté perçue pour augmenter les prix, accentuant ainsi la crise.
De plus, le riz chinois récemment importé peine à être distribué efficacement à travers le pays en raison de conditions climatiques difficiles qui entravent le transport. Cette situation contribue également à l'insuffisance d'approvisionnement, renforçant la tendance inflationniste.
Déficit de production locale : Le talon d'Achille de l'économie du pays
Le problème fondamental demeure la faible production locale de riz. En 2023, le Cameroun n’a produit que 140 000 tonnes de riz pour une demande nationale de 630 000 tonnes, créant un déficit de plus de 500 000 tonnes. Ce manque de production locale pousse le pays à dépendre des importations pour combler le fossé, une situation qui s'aggrave avec la tendance à exporter une partie de la production locale vers les pays voisins, comme le Nigéria et le Tchad.
Cette dépendance aux importations expose le pays aux fluctuations des prix sur le marché international, ce qui contribue à l'augmentation des prix locaux. De plus, la spéculation et les comportements opportunistes des commerçants locaux ne font qu'empirer la situation, rendant le riz de plus en plus inaccessible pour les familles camerounaises.
Alors que l'inflation continue de grimper, la nécessité de solutions durables, tant au niveau de la production locale que de la régulation des marchés, devient cruciale pour éviter une crise alimentaire plus grave.
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