Les réseaux pro-Trump s'emparent des accusations contre Diddy
Depuis le 16 septembre, date de l'arrestation de Sean Combs pour trafic sexuel, les rebondissements de cette affaire ont pris une ampleur démesurée au sein de la communauté MAGA – acronyme de "Make America Great Again", mouvement de soutien à Donald Trump. Les accusations contre le rappeur ont été détournées pour attaquer la vice-présidente Kamala Harris, accusée d'être une "cliente" de Diddy. Le président Trump lui-même a relayé ces insinuations, contribuant ainsi à envenimer un climat politique déjà tendu.
Ce n'est pas la première fois que des accusations infondées visent les démocrates. Depuis huit ans, les attaques du camp Trump contre ses adversaires ont souvent été diffamantes, voire complètement dénuées de preuves. En 2016, l'affaire PizzaGate, un mythe né sur les forums d'extrême droite, avait déjà jeté l'opprobre sur les leaders du Parti démocrate, en les accusant à tort d'orgies pédosatanistes. Cette campagne de désinformation s'est poursuivie au fil des années, prenant des formes nouvelles, comme l'affaire Jeffrey Epstein, qui a été utilisée pour alimenter les théories du complot contre les démocrates et les élites hollywoodiennes.
Kamala Harris ciblée par des montages et des rumeurs infondées
Dans ce contexte, la vice-présidente Kamala Harris est devenue la cible privilégiée des supporters de Trump. Les accusations contre P. Diddy, combinées à des photos retouchées et à des vidéos manipulées, ont été utilisées pour la présenter comme une partenaire de débauche du rappeur. Ces insinuations ont été largement diffusées sur les réseaux sociaux, y compris sur TruthSocial, le réseau social fondé par Donald Trump.
Les attaques n'ont pas été sans réponse : Montel Williams, ancien compagnon de Kamala Harris, a critiqué les montages où son visage était remplacé par celui de Diddy. De son côté, Rex Chapman, ancien basketteur et soutien de Harris, a publié des photos authentiques de Donald Trump en compagnie de Diddy pour rappeler les liens passés entre les deux hommes, en contraste avec les accusations visant la vice-présidente.
Malgré ces démentis, le climat reste délétère. Les accusations portées contre Diddy servent de prétexte aux théoriciens du complot pour attaquer non seulement Kamala Harris, mais aussi l'ensemble du Parti démocrate, perçu comme corrompu et sataniste. Les comptes complotistes, tels que Red Pill USA, continuent de relayer ces théories, insinuant que le cas Diddy est lié à un vaste réseau pédocriminel et sataniste, semblable à l'affaire Epstein.
Les théoriciens du complot en profitent pour attaquer le Parti démocrate
Depuis la diffusion des premières accusations, la base conspirationniste de Donald Trump n'a cessé d'alimenter les fantasmes autour de l'affaire Diddy. Sur Telegram, le groupe "Le complot du nouvel ordre mondial" y voit l'occasion de prouver que le Parti démocrate serait l'incarnation du fantasmatique "deep state". Selon ces théoriciens, Donald Trump et ses alliés auraient "infiltré Hollywood, l'industrie de la musique et la communauté noire" pour démanteler un réseau "sataniste, pédophile et corrompu".
La publication de photos d'archives par le média people TMZ, montrant Sean Combs lors d'une fête en 2004, a également été exploitée pour accréditer ces thèses. Un post sur X (anciennement Twitter) a même évoqué un "rituel de sacrifice humain" censé impliquer Diddy, pour se procurer de l'adrénochrome, une substance supposée avoir des vertus régénératrices selon les théories conspirationnistes de QAnon.
Cette instrumentalisation des accusations contre Diddy montre une fois de plus comment la désinformation et la manipulation de l'opinion publique sont utilisées comme armes politiques dans le contexte de l'élection présidentielle américaine. Huit ans après le PizzaGate et cinq ans après l'affaire Epstein, les attaques diffamatoires contre les démocrates, basées sur des rumeurs infondées et des théories complotistes, continuent de polluer le débat politique américain.
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