La Société nationale des hydrocarbures (SNH) est sous pression alors qu’elle enquête sur les complices locaux dans l'affaire de corruption impliquant la multinationale suisse Glencore. Une affaire qui pourrait encore entacher l'image de l'institution pétrolière camerounaise. Retour sur les faits et les enjeux.
L’enquête de la SNH en cours
La Société nationale des hydrocarbures (SNH) a officiellement lancé une enquête visant à identifier les complices camerounais impliqués dans l'affaire de corruption avec la multinationale Glencore. Cette décision survient après que Glencore a reconnu avoir versé des pots-de-vin à plusieurs responsables africains, dont certains au Cameroun, en échange de faveurs dans l’industrie pétrolière. La SNH attend désormais que la justice britannique dévoile les noms des responsables impliqués. Cependant, la prochaine étape de cette procédure n’aura lieu qu’en octobre, lors d’une audience à la Southwark Crown Court.
Une réaction tardive de la SNH ?
La gestion de cette affaire par la SNH soulève des critiques. Selon Me Akere Muna, figure emblématique de la lutte contre la corruption en Afrique, la SNH a tardé à prendre des mesures face aux accusations portées contre Glencore. Malgré les révélations de corruption dès 2022, ce n’est qu’en 2023, après que le Serious Fraud Office (SFO) britannique a rendu publics les noms de plusieurs employés de Glencore inculpés, que la SNH a pris ses distances. Me Muna a également exprimé des doutes sur l'affirmation de la SNH selon laquelle elle aurait suspendu toute relation avec Glencore. Il soupçonne que des interactions commerciales ont persisté jusqu'à récemment.
Que peut-on attendre de la justice britannique ?
Pour Me Muna, il est peu probable que la justice britannique inculpe des responsables camerounais dans cette affaire. Il note que cinq des sept accusés dans cette affaire de corruption ont déjà été nommés, principalement pour leurs actions en Afrique de l'Ouest. Néanmoins, les révélations issues de cette procédure pourraient permettre de mieux comprendre l’implication potentielle de certaines autorités camerounais. Ce qui semble inquiéter l’avocat, ce n’est pas tant le procès en lui-même, mais les éléments qui pourraient émerger sur le degré de complicité locale.
Une affaire révélatrice de la corruption au Cameroun et en Afrique
L’affaire Glencore illustre une problématique plus large : la corruption endémique dans de nombreux pays africains, en particulier dans le secteur des hydrocarbures. Le Cameroun, avec sa 140ème place sur 180 dans le classement de Transparency International en 2023, n'échappe pas à cette réalité. Ce scandale, qui implique également d’autres nations comme la Côte d’Ivoire, le Nigeria ou encore la Guinée équatoriale, met en lumière les failles dans la gouvernance de plusieurs pays africains.
Affaire Glencore : ce que disent les faits
L'affaire Glencore a éclaté en mai 2022 lorsque la multinationale suisse a reconnu avoir versé environ 7 milliards de FCFA (12 millions de dollars) en pots-de-vin à des responsables camerounais. Les institutions impliquées incluent non seulement la SNH mais aussi la Société Nationale de Raffinage (SONARA). Ces paiements avaient pour but de faciliter l'accès de Glencore au secteur pétrolier camerounais, et ce, sur une période allant de 2011 à 2016. Le Cameroun n'est pas le seul concerné : des versements similaires ont été effectués dans plusieurs autres pays africains.
Cette affaire continue de faire couler beaucoup d'encre au Cameroun, et ses répercussions sur la perception de la transparence dans le pays sont encore incertaines. La SNH parviendra-t-elle à redorer son image face à ces accusations ? L'enquête britannique permettra-t-elle de désigner clairement les complices camerounais ? Les réponses se feront attendre jusqu’à l’audience d’octobre.
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