Le Cameroun face à la baisse des recettes pétrolières

[Mines-Énergies] Le Cameroun enregistre une baisse significative de ses revenus issus du secteur pétro-gazier au premier semestre 2024. Cette tendance pourrait compromettre les objectifs économiques du gouvernement pour l'année en cours. Voici un décryptage de la situation.
Usine raffinerie de pétrole Sonara Cameroun

Des recettes en forte baisse

Entre janvier et juin 2024, les ventes d’hydrocarbures réalisées par la Société Nationale des Hydrocarbures (SNH) pour le compte de l’État camerounais ont généré 256 milliards de FCFA, contre 351 milliards durant la même période en 2023. Cela représente une chute de 95 milliards de FCFA, soit une diminution de 27 %. Cette baisse s'explique principalement par la baisse des prix mondiaux et une diminution de la production.

Production de pétrole et de gaz en baisse

Durant le premier semestre 2024, le Cameroun a produit 11,104 millions de barils de pétrole, avec un volume commercialisé de 6,1 millions de barils. En comparaison, sur la même période en 2023, la production avait atteint 11,9 millions de barils, avec 7,01 millions de barils commercialisés. Pour ce qui est du gaz, la production s’est établie à 42 491,63 millions de BTU (British Thermal Units), dont 8,512 millions de MMBTU ont été exportés. En 2023, le volume produit était de 48 527,33 millions de pieds cubes, témoignant d'une baisse significative cette année.

Objectifs gouvernementaux compromis

Le gouvernement camerounais s'était fixé un objectif de 801 milliards de FCFA de recettes pétrolières pour 2024. Cependant, à mi-parcours, seulement 33 % des prévisions ont été atteints, mettant en péril cet objectif ambitieux. Cette contre-performance est attribuée à plusieurs facteurs : vieillissement des gisements, baisse des investissements et la chute des prix des hydrocarbures.

Un marché pétrolier mondial en difficulté

Depuis mars 2023, les prix du pétrole suivent une tendance baissière. La semaine dernière, le baril de Brent, référence mondiale, a chuté de 4 %, passant sous la barre des 70 dollars pour la première fois depuis décembre 2021. Le Brent s'échangeait alors à 68,95 dollars, contre 71,84 dollars la veille. Le West Texas Intermediate (WTI), référence américaine, a également connu une baisse de 4,5 %, atteignant 65,58 dollars, son plus bas niveau depuis mai 2023.

Des subventions coûteuses sous surveillance

Alors que le Cameroun lutte pour améliorer la performance de son secteur pétrolier en amont, le Fonds Monétaire International (FMI) s'inquiète de la gestion des activités en aval, notamment les subventions aux produits pétroliers raffinés. Ces subventions pèsent lourdement sur le budget de l'État. En 2023, le président Paul Biya avait déjà souligné que le pays avait dépensé 640 milliards de FCFA pour subventionner les prix des carburants, contre 1000 milliards en 2022, ce qui reste une charge financière importante.

Vers une relance du secteur pétrolier ?

Avec cette baisse des recettes, la pression monte pour le gouvernement camerounais. Des efforts de relance du secteur pétrolier seront nécessaires pour atteindre les objectifs de 2024, mais également pour éviter de compromettre l'économie nationale. Le contexte mondial ne facilite pas la tâche, mais des réformes structurelles pourraient être envisagées pour améliorer la rentabilité et limiter les pertes financières dans les mois à venir.

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