[Economie] Le Cameroun sollicite des financements de la Banque africaine de développement (BAD) pour moderniser ses corridors routiers reliant le pays à ses voisins, tels que le Tchad, le Congo, la RCA et le Nigeria. Ces infrastructures sont cruciales pour fluidifier les échanges commerciaux, encore fragilisés par l'état dégradé des routes.
Des infrastructures en mauvais état freinant le commerce
Lors du Forum des transports de la Banque africaine de développement (BAD) à Abidjan le 18 septembre 2024, le ministre camerounais des Travaux publics, Emmanuel Nganou Djoumessi, a exprimé son souhait d’obtenir un financement accru de la part de la BAD. Le Cameroun dispose d’un réseau routier long de 121 873 km, mais seulement 9% de ces routes sont bitumées, rendant difficiles les échanges commerciaux avec ses voisins tels que le Tchad, le Congo, la République Centrafricaine (RCA) et le Nigeria.
Les échanges commerciaux en zone Cemac (Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale) demeurent faibles, en partie à cause de l’état des corridors routiers. En 2023, les importations en provenance des autres pays africains représentaient seulement 9,5% du commerce du Cameroun, et parmi les pays de la Cemac, seul le Gabon figure dans le top 10 avec 0,7% des parts de marché. Du côté des exportations, seulement 8,1% étaient destinées aux autres pays de la Cemac, selon l'Institut national de la statistique (INS).
Un appel à des financements pour des projets structurants
Le ministre des Travaux publics a mis en avant des projets déjà prêts à être réalisés, mais qui nécessitent encore des financements. L'un des plus importants est l’aménagement de la route Batouri-Yokadouma-Moloundou-Frontière Congo, longue de 450,5 km. Le coût prévisionnel de ce projet s’élève à environ 300 milliards de FCFA, un montant qui reste à mobiliser. Ce projet, annoncé il y a plus de cinq ans, est jugé essentiel pour améliorer les échanges économiques avec les pays voisins, mais son retard d’exécution continue de peser sur les temps de voyage et les coûts de transport.
Un autre projet stratégique concerne la route Ngaoundéré-Garoua, longue de 240,85 km, qui relie l’Adamaoua au nord du Cameroun. Cet axe fait partie du corridor Douala-Ndjamena, par lequel transitent environ 350 milliards de FCFA de marchandises chaque année vers le Tchad. Les travaux de cette route devraient démarrer au premier trimestre 2025, sous réserve de l’obtention des 282,7 milliards de FCFA nécessaires pour sa réalisation, selon une correspondance entre le ministre d'État, secrétaire général à la présidence de la République Ferdinand Ngoh Ngoh et le ministre des Travaux publics.
La BAD, partenaire financier majeur
En attendant l’approbation finale de la BAD pour le financement de ces projets, il convient de rappeler les obstacles qui ont, dans le passé, entravé la mise en œuvre de certains projets financés par cette institution. Parmi ces difficultés, on retrouve la faiblesse de la maturation des projets, les lenteurs dans la passation des marchés, ainsi que les retards dans le déblocage des fonds de contrepartie. Malgré cela, la BAD reste un acteur clé dans le secteur routier camerounais, avec un portefeuille estimé à 824,8 milliards de FCFA, représentant 54% de l'enveloppe globale dédiée aux infrastructures.
Avec le soutien de la BAD, le Cameroun espère accélérer la modernisation de ses infrastructures routières, cruciales pour stimuler le commerce régional et améliorer la compétitivité du pays dans la sous-région Cemac.
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