Corruption au Cameroun : La Conac reste sans réponse face à l'inaction de l'État

[Economie] Depuis 18 ans, la Conac plaide pour une loi anti-corruption au Cameroun. Malgré l'aggravation des pertes financières, l'État tarde à agir, laissant la situation s'envenimer.
Corruption au Cameroun : La Conac reste sans réponse face à l'inaction de l'État

Les pertes financières s'accumulent

Créée en 2006 par décret présidentiel, la Commission nationale anti-corruption (Conac) dénonce l’ampleur de la corruption au Cameroun. Selon le dernier rapport d’activités pour l’exercice 2023, l’État a enregistré un préjudice financier de 114 milliards de Fcfa, en hausse de 2 378,2 % par rapport aux 4,6 milliards de Fcfa de 2022. Cette progression dramatique démontre l’inefficacité des mesures existantes.

Les chiffres précédents confirment cette tendance : 10,2 milliards de Fcfa de pertes en 2019, 17 milliards en 2020, et 43,9 milliards en 2022. Face à cette réalité, le président de la Conac, Dieudonné Massi Gams, affirme que « la corruption continue de faire des ravages » malgré les efforts mis en place.


Un plaidoyer sans réponse au sommet de l’État

Dieudonné Massi Gams et son équipe insistent sur la nécessité d’une loi anti-corruption pour renforcer le cadre législatif actuel. En dépit de ses multiples plaidoyers, notamment lors d’une intervention à l’Assemblée nationale en décembre 2023, le dossier reste bloqué depuis plus de 10 ans au sommet de l’État. 

Le texte, élaboré en collaboration avec le ministère de la Justice et le Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud), n’a toujours pas été adopté.

Un pouvoir coercitif en attente

Pour la Conac, l’adoption de cette loi est essentielle afin de lui conférer une personnalité juridique, une autonomie financière, et de permettre l’internalisation des dispositions internationales de lutte contre la corruption, ratifiées par le Cameroun. Le président de la Conac a réitéré cette position lors de la présentation du Rapport sur l’état de la corruption en 2023, soulignant que « si on nous permettait de mordre (sanctionner), on le ferait. Pour l’instant, on continue de dénoncer ».

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