[Economie] Le Cameroun envisage de lier les subventions aux performances des entreprises publiques. Sous l’impulsion du président Paul Biya, l’objectif est d’optimiser l’utilisation des fonds publics et de renforcer la responsabilité des ministres en charge de ces entreprises.
Subventions basées sur les résultats
Le gouvernement camerounais s'engage sur une voie inédite pour la gestion des subventions publiques. A travers une circulaire signée par le président Paul Biya, les subventions destinées aux entreprises publiques seront désormais ajustées selon leur performance. Ce virage stratégique fait suite aux difficultés financières rencontrées par bon nombre d’entre elles, notamment la CDC, Camair-co, ou encore Sonara, toutes confrontées à des déficits persistants.
Selon la circulaire, la subvention de fonctionnement devra être calculée de manière plus précise, en tenant compte des besoins réels et des historiques budgétaires. Pour les ministres assurant la tutelle technique, une nouvelle responsabilité s’impose : celle de rendre un rapport annuel sur la situation des entités sous leur gestion.
Performance au cœur de la gestion
Cette réforme s’inscrit dans une logique de responsabilisation accrue des ministères. En plus de leur rôle traditionnel de tutelle, ces derniers, souvent présidents des Conseils d'administration, devront inciter les managers des entreprises à améliorer leur gestion. D’après la Commission technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic (CTR), plusieurs entreprises présentent un risque élevé d’endettement, ce qui compromet les projections budgétaires pour les années à venir.
En 2022, des entreprises comme Camwater, Camtel, ou encore Sodecoton affichaient une situation financière critique. Le rapport de la CTR souligne également la nécessité de recapitaliser 15 entreprises publiques, pour un montant total de 398,1 milliards de FCFA. Parmi elles, la CDC et Alucam, toutes deux en difficulté.
Vers une meilleure allocation des ressources publiques
En liant les subventions à la performance, l'État camerounais espère réduire les pertes financières. Selon le Document de la programmation économique et budgétaire 2025-2027, l'inefficacité de certaines entreprises publiques constitue un frein majeur aux objectifs budgétaires du pays. Avec un capital cumulé de 159,3 milliards de FCFA en 2022, les entreprises concernées ont pourtant accumulé des pertes, réduisant leur capital propre à -318,4 milliards de FCFA.
Cette réforme pourrait également aboutir à des privatisations si les entreprises publiques ne parviennent pas à améliorer leurs performances. Le cas de Sonara ou encore de Cicam pourrait servir de modèle pour un secteur en pleine mutation.
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