[Economie] Le secteur bancaire camerounais subit une hausse alarmante de ses créances en souffrance. Alors que plusieurs banques tentent de maîtriser les risques, certaines institutions, comme la BC-PME, se retrouvent en difficulté avec des taux de non-remboursement records.
Une envolée des créances bancaires en souffrance
La qualité des prêts s'est nettement dégradée au Cameroun au premier semestre 2024. Selon les derniers chiffres, le montant total des créances non recouvrées s'élève à 774,11 milliards de Fcfa, soit une augmentation de 75,3 milliards par rapport à la même période en 2023. Avec un encours global de 5 606,7 milliards de Fcfa, ces créances représentent un défi majeur pour les établissements de crédit, qui peinent à recouvrer leurs prêts en temps et en heure.
Les établissements les plus touchés
Parmi les 18 établissements de crédit opérant au Cameroun, la BC-PME est celle qui enregistre le taux de créances en souffrance le plus élevé, avec près de 60% de ses prêts considérés comme douteux. Cette banque publique, dont la mission première est de financer les Petites et Moyennes Entreprises (PME), rencontre des difficultés à gérer son portefeuille de crédits. Cet endettement pourrait limiter sa capacité à soutenir les PME camerounaises, fragilisant ainsi une partie de l'économie locale.
D’autres banques, telles que la BICEC, filiale du groupe marocain Banque Centrale Populaire (BCP), affichent également des chiffres préoccupants. La BICEC détient 180,6 milliards de Fcfa de créances douteuses, représentant environ 40% de son portefeuille de prêts. De son côté, Afriland First Bank, le principal acteur bancaire du pays, présente un ratio de créances en souffrance plus modéré, avec 150 milliards de Fcfa pour un encours total de 1 280,5 milliards. Bien que ces proportions soient inférieures à celles de la BC-PME, elles témoignent d’une exposition aux risques de non-remboursement, ce qui pourrait affecter leur rentabilité à long terme.
La résilience de certaines banques
Toutes les banques camerounaises ne sont pas affectées de la même manière par la montée des créances en souffrance. Les banques internationales, comme Standard Chartered Bank et Citibank, affichent une résilience notable face aux risques de défaut. Standard Chartered présente un taux de créances douteuses de seulement 0,20%, tandis que Citibank reste exempte de toute créance en souffrance. Cette stabilité s’explique par leur orientation stratégique vers le secteur des grandes entreprises, jugé plus stable et moins exposé aux risques de non-remboursement.
La Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac), qui régule le secteur bancaire de la zone CEMAC, impose aux banques de provisionner une partie de leurs fonds propres pour couvrir les créances douteuses. Actuellement, ces provisions atteignent 607,9 milliards de Fcfa au Cameroun, offrant une couverture des créances en souffrance de 78,5%, soit un ratio supérieur aux 75% prescrits par la réglementation communautaire. Face à la montée des risques, les banques camerounaises pourraient encore durcir leurs critères de crédit, limitant ainsi l'accès au financement pour les secteurs les plus vulnérables.
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