Ce samedi 2 novembre, la communauté de Bissombe a vécu un moment incroyable lorsque des accusations de sorcellerie ont conduit à l’abandon collectif des obsèques de Justin Ndjigi Biboum, un jeune enseignant. Autorités et invités ont quitté les lieux, laissant la famille seule avec la dépouille.
Des accusations qui sèment la discorde
Les obsèques de Justin Ndjigi Biboum, décédé à 40 ans, se sont déroulées dans une ambiance lourde de tensions. Ce jeune enseignant, mort le 11 octobre 2024, a succombé à des blessures infligées par un coup de machette. Selon des témoins, il avait tenté de séparer une bagarre entre deux frères dans le village de Bissombe, dans l’arrondissement de Bot-Makak, région du Centre. Suite à son intervention, l’un des agresseurs lui a porté un coup fatal. L’assaillant a depuis été incarcéré, mais l’explication officielle n’a pas empêché des rumeurs de sorcellerie de circuler parmi les membres de la communauté.
Une réunion qui tourne à l’accusation
Lors de la cérémonie, des responsables locaux et membres de la communauté dépositaires de savoir exotérique ont tenu une réunion pour examiner ces accusations. Le Mbombog, chef traditionnel, a soutenu que le père du défunt, aidé de son épouse, aurait usé de pouvoirs mystiques pour causer la mort de son propre fils. Malgré les protestations du fils aîné, qui a défendu l’innocence de ses parents, le chef traditionnel a proclamé publiquement la culpabilité du père, provoquant stupeur et consternation parmi les personnes présentes.
Je demande à tout le monde de partir d'ici et d'abandonner la dépouille à son géniteur. Comme je tourne mon dos, tant pis pour ceux qui vont encore rester là.
Un abandon collectif des funérailles
Face à cette déclaration, le Sous-préfet et le prêtre, qui devaient officier, ont quitté les lieux, suivis par la majorité des personnes présentes. L’office religieux a été annulé, et les proches du défunt se sont retrouvés seuls avec la dépouille. Cette scène surréaliste met en lumière le conflit persistant entre spiritualité, rationalité et croyances occultes dans certaines régions du Cameroun, où les accusations de sorcellerie demeurent omniprésentes.
Le décès de Justin Ndjigi Biboum a relancé le débat sur le rôle des croyances dans la gestion des drames familiaux. Bien que les circonstances de sa mort soient claires pour les autorités judiciaires, les accusations du chef traditionnel ont pris le dessus, illustrant le poids des traditions et la difficile cohabitation avec les valeurs modernes et rationnelles.
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