Une carrière au service d’un Cameroun uni
Né le 15 janvier 1944 dans le Mbam-et-Inoubou, David Abouem À Tchoyi a joué un rôle clé dans l’administration camerounaise. Diplômé de l’Université de Yaoundé et de l’ENAM, il a occupé des postes stratégiques, notamment comme gouverneur des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
En tant que Secrétaire Général à la Présidence et ministre, il a marqué de son empreinte les sphères décisionnelles du Cameroun. Plus tard, à la Commission nationale du bilinguisme et du multiculturalisme, il a œuvré pour le dialogue dans un contexte sociopolitique tendu.
Les racines de la crise anglophone : une analyse lucide et percutante
David Abouem À Tchoyi a identifié six racines principales de la crise anglophone, qu’il voyait comme les symptômes d’un État centralisé. Son analyse reste une référence pour comprendre les défis nationaux.
Une centralisation excessive et inefficace
La transition de l’État fédéral vers l’État unitaire en 1972 a supprimé les compétences autonomes des régions anglophones, remplaçant une gestion locale efficace par une bureaucratie lourde. Par exemple, la centralisation des équipements de génie civil à Yaoundé a paralysé les projets dans les zones éloignées.
Cette approche a généré frustration et sentiment d’abandon chez les anglophones, contribuant à une méfiance accrue envers le gouvernement central.
Un éloignement des centres de décision
En concentrant les décisions à Yaoundé, l’État a éloigné les populations anglophones des processus décisionnels, amplifiant leur sentiment de marginalisation. Cette hypercentralisation a exacerbé les lenteurs administratives et l’inefficacité des réponses aux besoins locaux.
Ce sentiment d’abandon a renforcé les frustrations des populations, habituées à une administration locale plus réactive et adaptée à leurs réalités.
Les promesses non tenues
Lors du référendum de 1972, des promesses de développement ont été faites aux régions anglophones, notamment sur l’urbanisation et les infrastructures. Cependant, ces engagements n’ont jamais été réalisés, alimentant un sentiment de trahison et de méfiance.
Abouem a souvent dénoncé cette incapacité à tenir parole, considérant cela comme l’une des principales causes de la crise actuelle.
La négligence de l’héritage institutionnel et culturel
Le passage à l’État unitaire a marginalisé l’héritage institutionnel et culturel des régions anglophones. Les traditions administratives anglo-saxonnes ont été progressivement remplacées par un modèle francophone, entraînant une assimilation perçue comme forcée.
Pour Abouem, cette négligence a exacerbé les tensions en effaçant l’identité culturelle et administrative des anglophones.
Un bilinguisme symbolique
Bien que le français et l’anglais soient reconnus comme langues officielles, le bilinguisme reste symbolique. Les populations anglophones sont souvent confrontées à des fonctionnaires incapables de communiquer en anglais, renforçant leur exclusion.
David Abouem À Tchoyi plaidait pour un véritable bilinguisme, capable de rapprocher les communautés et de créer un sentiment d’appartenance nationale.
Un appel à des réformes nationales profondes
Abouem voyait la crise anglophone comme un problème national nécessitant des réformes profondes. Il préconisait une décentralisation réelle, une valorisation des spécificités culturelles et une réhabilitation des infrastructures locales.
Ces mesures, selon lui, sont essentielles pour restaurer la confiance des populations et bâtir un Cameroun inclusif et uni.
Hommages unanimes à une figure emblématique
À l’annonce de son décès, les hommages ont afflué de toutes parts. Jean Robert Wafo, du Front pour le changement du Cameroun (FCC), a salué un homme de qualité et d’exception, qualifiant David Abouem À Tchoyi de « bibliothèque nationale ».
Les témoignages soulignent son rôle crucial dans les moments de crise et son engagement pour un Cameroun uni et résilient. Sa vision et son leadership continuent d’influencer les débats sur l’avenir du pays.
Ce qu'il faut retenir- 🎖️ David Abouem À Tchoyi a marqué l’administration et la politique camerounaise.
- 🌍 Il a identifié six causes clés de la crise anglophone, notamment la centralisation excessive.
- ⚖️ Il prônait des réformes profondes pour résoudre les tensions.
- 🤝 Il défendait un bilinguisme véritable pour rapprocher les communautés.
- 🕊️ Son héritage reste une référence pour un Cameroun inclusif et résilient.
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