Afrique : Pourquoi la France perd-elle ses bases militaires, les dessous d'une rupture

Après des décennies de présence militaire sur le continent africain, la France entame une réorganisation stratégique. De nombreux pays africains, tels que le Tchad, le Sénégal et la Côte d’Ivoire, ont récemment annoncé la fin de leur coopération militaire avec Paris. Un changement historique s’opère.
Afrique : Pourquoi la France perd-elle ses bases militaires les dessous d'une rupture

Un retrait progressif, mais significatif

La présence militaire française en Afrique connaît une transformation majeure. En janvier 2025, le 43e BIMA en Côte d’Ivoire sera officiellement rétrocédé à l’armée ivoirienne, marquant un tournant dans les relations entre Paris et Abidjan. Cette décision, annoncée par le président Alassane Ouattara, s'inscrit dans une volonté de modernisation des armées nationales.

Selon Jean-Marie Bockel, envoyé personnel du président Emmanuel Macron, cette transition était planifiée depuis plusieurs mois. La stratégie française repose désormais sur un modèle de bases "partenariales", favorisant la formation et la coopération technique. Ce modèle a été conçu pour répondre aux attentes des nations africaines tout en réduisant les effectifs.


Une série de revers pour Paris

Depuis 2022, les relations entre la France et plusieurs pays africains se sont complexifiées. Le retrait des troupes françaises du Mali, du Niger, et du Burkina Faso a marqué une rupture notable. Ces nations, dirigées par des régimes hostiles à Paris, ont choisi d'établir des alliances avec d'autres puissances, notamment le groupe Wagner soutenu par la Russie.

Pour le chercheur Seidik Abba, président du Centre international d’études et de réflexions sur le Sahel (CIRES), cette série de retraits reflète une montée du sentiment souverainiste en Afrique. Selon lui, la présence militaire française est de plus en plus perçue comme un vestige de la colonisation, et les populations locales expriment une volonté croissante de prendre leur indépendance sécuritaire.

Une nouvelle stratégie pour l’avenir

En réponse à ces défis, le président Emmanuel Macron a annoncé une réorganisation globale des bases militaires françaises. L’objectif est de passer d’un dispositif permanent à un modèle flexible et adaptable, où la France agit en soutien des armées locales. Le rapport de Jean-Marie Bockel, remis en novembre 2024, propose une réduction drastique des effectifs : de 2 300 militaires, ils passeront à environ 600 répartis entre le Gabon, le Sénégal et la Côte d’Ivoire.

La France affirme que cette réorganisation ne traduit pas un recul, mais plutôt une adaptation aux nouvelles réalités africaines. Emmanuel Macron a déclaré : « Nous avons choisi de bouger parce qu’il fallait bouger. » Toutefois, certains experts estiment que cette stratégie pourrait affaiblir la capacité de Paris à répondre rapidement aux menaces dans la région, notamment face à la montée des groupes djihadistes.

Ce qu'il faut retenir
  • 🇨🇮 La Côte d’Ivoire récupère le camp du 43e BIMA dès janvier 2025.
  • 📉 Les effectifs militaires français en Afrique passeront de 2 300 à 600.
  • 🤝 La nouvelle stratégie privilégie la formation et la coopération technique.
  • 🌍 La montée du souverainisme en Afrique remet en cause les bases françaises.
  • 📜 Le rapport Bockel préconise un partenariat modernisé et équitable.

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