Crise Boursière, Dette Publique et Conflits Réglementaires : Les Défis Financiers du Cameroun en 2025

Face à une faible inclusion financière et des défis économiques croissants, le marché financier en Afrique centrale peine à séduire les investisseurs. Retour sur les principaux enjeux économiques de la région pour 2025.
Siège social de la BVMAC

Actions en souffrance à la BVMAC : une liquidité absente

Le marché boursier de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC) traverse une phase de morosité alarmante . Lors des séances de cotation des 14 et 17 février 2025, aucune transaction n'a été enregistrée, selon le Bulletin officiel de la Bourse des valeurs mobilières d'Afrique centrale (BVMAC). Malgré les performances financières annoncées par certaines entreprises en 2023, 9 165 actions restent sans preneur.

Ces titres incluent 194 actions de la Société des eaux minérales du Cameroun (SEMC) , 32 actions de Socapalm, et un volume impressionnant de 7 508 actions de la Société Commerciale Gabonaise de Réassurance (SCG-Ré(. Les experts attribuent ce manque d'intérêt à un faible taux d'inclusion financière, évalué à seulement 32 % en 2021 dans la zone CEMAC, selon la Stratégie régionale d'inclusion financière (SRIF) publiée par la BEAC.en février2025.

Pour améliorer la situation, les acteurs du marché appellent à une plus grande participation des investisseurs locaux et une sensibilisation accrue aux opportunités offertes par la BVMAC.


Endettement public : un appel à l'épargne locale

Face à un besoin croissant de financements pour ses projets de développement, le Cameroun a lancé un appel aux épargnants lors d'une rencontre avec les investisseurs à Douala, les 12 et 13 février 2025. Le pays ambitionne de lever 380 milliards de FCFA en nouveaux emprunts sur le marché des capitaux, un objectif inscrit dans la Loi de finances.

Cependant, seuls 1,53 % des encours de titres publics sont détenus par des particuliers, les banques commerciales contrôlant près de 78 % de cette dette.

Louis Paul Motaze, ministre des Finances, souligne l'importance des solutions numériques pour faciliter la souscription aux titres publics. "La digitalisation est une nécessité pour attirer une nouvelle génération d'investisseurs", a-t-il déclaré lors d'une récente rencontre à Douala.

Malgré une hausse des taux d'intérêt sur les bons du Trésor, passés de 2,67 % en 2020 à 6,33 % en 2024, le gouvernement a mis sur la confiance et la modernisation pour séduire les épargnants.

Siège social de la CDEC

Les tensions autour des Caisses de dépôts

Le débat autour de la supervision des Caisses de Dépôts et Consignations (CDC) oppose la Commission bancaire de l'Afrique centrale (Cobac) et la CDEC du Cameroun. La CDEC rejette un avant-projet de règlement visant à placer la CDC sous la tutelle de la Cobac, invoquant des arguments juridiques et des exemples internationaux.

Selon Richard Evina Obam, directeur général de la CDEC, les fonds gérés par cette institution sont des deniers publics , échappant ainsi à la régulation bancaire traditionnelle. Ce désaccord reflète des tensions plus larges sur la souveraineté et les compétences des régulateurs régionaux.

La question reste ouverte quant à l’impact de ces régulations sur la stabilité financière et la gestion des fonds publics dans la zone CEMAC.

Ce qu'il faut retenir
  • 📉 Illiquidité boursière : Plus de 9 000 actions invendues à la BVMAC, faute d'investisseurs.
  • 💰 Appel aux épargnants : Le Cameroun veut mobiliser 380 milliards FCFA grâce à la digitalisation.
  • ⚖️ Conflit réglementaire : La CDEC conteste la supervision de la COBAC pour préserver sa souveraineté.

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