La bataille judiciaire du MRC contre Elecam : Le fichier électoral national au cœur des enjeux de transparence

Le MRC, dirigé par Maurice Kamto, poursuit sa lutte judiciaire contre Elecam pour obtenir la publication du fichier électoral national, crucial pour les élections de 2025. Après plusieurs échecs devant les institutions judiciaires camerounaises, la tension monte à l’approche des élections présidentielles.
Maurice kamto président du MRC

Un nouveau revers judiciaire pour le MRC

Le 18 février 2025, la Cour d’appel du Centre a rendu une décision qui ne fait qu’aggraver la frustration du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC). Après un jugement du Conseil Constitutionnel, la Cour a estimé qu’elle était "incompétente" pour contraindre le directeur général d’Elections Cameroon (Elecam), Erik Essousse, à publier le fichier électoral national.

Le MRC, par l’intermédiaire de ses avocats, avait sollicité une telle publication dans le cadre de sa démarche visant à garantir la transparence du processus électoral. Les avocats du parti ont dénoncé ce qu’ils considèrent comme un complot entre le gouvernement et Elecam pour retarder cette publication. "Il faut voir derrière la non-publication de la liste électorale nationale, un acte préparatoire d’une criminalité électorale", a déclaré Me Hippolyte Meli, l’un des avocats du MRC. 

Selon lui, cette manœuvre ferait partie d’une stratégie pour fausser le déroulement des élections. Pour le MRC, la publication de la liste électorale est essentielle pour assurer la légitimité des élections prévues pour octobre 2025. Malgré ce revers, le MRC semble déterminé à poursuivre ses actions judiciaires, soulignant que ce n’est qu’une étape dans un combat qui ne fait que commencer.

Les soutiens au MRC et la question de la fraude électorale

Le MRC ne manque pas de soutiens, à commencer par l’universitaire Pr Jean Calvin Aba’a Oyono, qui a exprimé sa solidarité avec Maurice Kamto et son parti. Dans une récente déclaration, il a salué l’intelligence stratégique du MRC, affirmant que l’objectif était de mettre en lumière les failles du système électoral camerounais, et en particulier les pratiques de fraude qui ternissent l’image des élections dans le pays. "Je tire un chapeau à Maurice Kamto", a-t-il déclaré, soulignant l’importance de ses actions pour dénoncer ce qu’il considère comme un système électoral vicié.

Pr Jean Calvin Aba’a Oyono,, universitaire

Dans ses propos, Pr Aba’a Oyono met en évidence des éléments de fraude potentielle, citant notamment les inscriptions de doublons et la présence d’électeurs décédés sur la liste électorale. Selon lui, ce refus de transparence dans la gestion du fichier électoral pourrait avoir des conséquences dramatiques pour l’intégrité du processus électoral et la sincérité des résultats. "Le mal est très profond", a-t-il conclu, en appelant à un changement radical dans la gestion du fichier électoral.


Le rôle crucial du DG d’Elecam dans la publication de la liste électorale

La publication du fichier électoral national est loin d’être un simple acte administratif. Selon Jean Paul Ntsengue, expert juriste et électoral sénior, il ne s’agit pas d’une décision discrétionnaire mais bien d’une obligation légale. Dans une analyse récente, il a rappelé que, selon le Code électoral camerounais, le directeur général d’Elecam doit publier cette liste au plus tard le 30 décembre de chaque année. 

Ce retard dans la publication, selon lui, est non seulement illégal mais met en danger la régularité des élections. Jean Paul Ntsengue met en avant les sanctions prévues par la loi en cas de non-publication. L’article 44 du Code électoral stipule que, en cas de dysfonctionnement d’Elections Cameroon, le Président de la République peut prendre des mesures pour remédier à la situation. 

De plus, la loi prévoit la possibilité de sanctionner un tel manquement à travers des mesures administratives, voire judiciaires. Ntsengue estime que ces moyens juridiques existent pour obliger Elecam à agir dans le respect de la loi. La bataille autour de la publication du fichier électoral ne fait que commencer. À mesure que les élections présidentielles approchent, la pression sur Elecam et sur les institutions judiciaires devrait se renforcer.

Les acteurs de l’opposition, comme le MRC, comptent bien exploiter ces failles dans le système électoral pour assurer une plus grande transparence et garantir des élections libres et équitables.


Ce qu'il faut retenir
  • 📅 La publication du fichier électoral est un enjeu majeur pour la transparence des élections camerounaises de 2025.
  • ⚖️ Le MRC continue son combat juridique contre Elecam et le gouvernement pour obtenir cette publication.
  • 🔍 Des voix critiques, comme celle du Pr Aba’a Oyono, dénoncent les pratiques de fraude électorale dans le pays.
  • 📜 Jean Paul Ntsengue rappelle que la publication du fichier électoral est une obligation légale et non une option pour Elecam.
  • 📈 Les élections de 2025 sont sous haute surveillance, avec des tensions croissantes sur la gestion du fichier électoral.

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