Reprise timide de la production à Memve’ele
Le secteur de l’électricité au Cameroun continue de lutter contre les défis liés aux variations climatiques et à l'inefficacité de certaines infrastructures. Le ministre de l’Eau et de l’Énergie, Gaston Eloundou Essomba, a récemment fait état d'une amélioration significative de la production à Memve’ele, le barrage hydroélectrique clé situé sur le fleuve Ntem dans la région du Sud.
Après une chute alarmante de la capacité de production, qui était descendue à 34 MW, la production a rebondi pour atteindre 120 MW, marquant une hausse de 252 %. Cette reprise est attribuée au retour des pluies, qui ont permis de redynamiser la production à un niveau significatif, bien que bien inférieur aux objectifs de départ.
Mis en service en 2022, le barrage de Memve’ele avait été conçu pour produire 211 MW. Cependant, en raison de la faible hydrologie du fleuve Ntem et des périodes prolongées de sécheresse, le barrage n’a jusqu’à présent jamais atteint son plein potentiel. Malgré un investissement colossal de 450 milliards de FCFA, la production reste insuffisante, plafonnant à 120 MW au lieu des 211 MW attendus.
La faible production d'électricité a des conséquences directes sur l'ensemble du Réseau interconnecté Sud (RIS), mettant une pression supplémentaire sur les autres installations. En 2022, pendant l’étiage de janvier-février, la production était tombée à seulement 30 MW aux heures de pointe, et même à zéro pendant plusieurs heures. Ces défis soulignent la vulnérabilité de l'infrastructure aux conditions climatiques et la nécessité de solutions à long terme.
Le gouvernement lance un vaste programme pour moderniser le transport de l’électricité
Dans une autre initiative visant à améliorer la distribution de l’électricité, le gouvernement camerounais a annoncé un programme ambitieux pour remplacer les anciens poteaux en bois par des poteaux en béton. Le ministre Gaston Eloundou Essomba a lancé cette initiative le 8 avril 2025, visant à installer 50 000 poteaux en béton sur tout le territoire en 2025, dont 10 000 dès la première phase. Actuellement, le Cameroun dispose de plus de 1,6 million de poteaux en bois, dont plus de 40 % sont vétustes et posent un risque pour la stabilité du réseau électrique.
Cette initiative s'inscrit dans une volonté de lutter contre les délestages récurrents, qui affectent une grande partie du pays. Pour garantir la réussite de ce projet, le gouvernement a confié la fabrication des poteaux en béton à des petites et moyennes entreprises (PME) locales, qui doivent respecter des normes européennes strictes. Ces normes concernent la résistance et la qualité des poteaux, des critères essentiels dans le contexte de la modernisation du réseau.
Ce programme repose sur les leçons apprises de la phase pilote lancée en 2019, qui a permis la production de 1 800 poteaux en béton. Un autre programme lancé en 2020 a permis de remplacer plus de 90 000 poteaux en bois par des poteaux en béton et métalliques. L'objectif est de renforcer la stabilité du réseau et de réduire les risques de pannes causées par des poteaux tombés.
Cette initiative bénéficie du soutien de la Banque africaine de développement (BAD), qui finance en partie cette opération à hauteur de 9,5 milliards de FCFA. Le gouvernement espère que cette démarche contribuera à réduire les coupures d’électricité et à moderniser le réseau de transport d'énergie du pays.
Le projet d’interconnexion électrique avec le Tchad : une avancée majeure pour la région
Le Cameroun ne se contente pas d’améliorer ses infrastructures internes. Un projet d’interconnexion avec le Tchad est en cours, et des travaux ont démarré depuis mars 2025. Ce projet, baptisé PIRECT, vise à relier le Réseau interconnecté Sud (RIS) au Réseau interconnecté Nord (RIN) du Cameroun.
Le projet s'étendra sur plusieurs centaines de kilomètres et inclura la construction d’une ligne de transport d’énergie double circuit de 225 KV sur 524 km entre Nachtigal et Wouro Soua, ainsi que quatre nouveaux postes de transformation d’énergie dans des localités stratégiques telles que Ntui et Yoko.
Ce projet, financé en partie par des indemnisations aux riverains, a démarré après le paiement de 5,4 milliards de FCFA pour les compensations. À terme, cette interconnexion permettra au Cameroun de fournir jusqu’à 100 MW d’électricité au Tchad dès 2027, renforçant ainsi la coopération énergétique entre les deux pays. Les travaux s'inscrivent dans le cadre d’un objectif régional plus large visant à améliorer l’accès à l’énergie et à promouvoir une croissance durable.
- 🔋 La production d’électricité à Memve’ele a augmenté de 252 % grâce au retour des pluies, mais reste bien en deçà des objectifs de départ.
- 🌍 Le gouvernement prévoit d’installer 50 000 poteaux en béton en 2025 pour moderniser le réseau électrique du pays.
- ⚡ Le projet d’interconnexion Cameroun-Tchad, avec une capacité de 100 MW, débutera en 2027 pour renforcer l’approvisionnement énergétique régional.
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