
⏱️ Pas le temps ? Voici l’essentiel à retenir de cette actualité
- Le Professeur Vincent Sosthène Fouda appelle à une révision urgente de la loi sur les greffes au Cameroun, en raison de ses lacunes éthiques et culturelles.
- La loi actuelle ignore les spécificités culturelles camerounaises concernant la mort et l’intégrité des corps.
- Un dialogue national inclusif est nécessaire pour élaborer une législation respectueuse des traditions et des valeurs collectives.
Le Professeur Vincent Sosthène Fouda a récemment lancé un appel vibrant pour une révision de la loi sur les greffes humaines au Cameroun. Selon lui, cette législation, bien qu’animée de bonnes intentions médicales, néglige les réalités culturelles et éthiques profondes du pays. Une réforme urgente s’impose pour garantir le respect des traditions et des valeurs collectives.
Une loi en contradiction avec les valeurs culturelles
Au Cameroun, la mort n’est pas perçue comme une fin, mais comme une transition spirituelle. Les corps des défunts sont considérés comme des réceptacles sacrés, essentiels pour maintenir le lien avec les ancêtres. Or, la loi actuelle sur les greffes semble ignorer ces croyances fondamentales. Pour de nombreuses communautés, comme les Bamiléké, Duala ou Bassa, prélever un organe sans un cadre rituel approprié équivaut à une profanation.
Les rites funéraires, qui garantissent le repos de l’âme et son intégration dans le monde des ancêtres, sont également bousculés par cette législation. Sans un consentement éclairé et respectueux des traditions familiales, toute intervention sur le corps est perçue comme une violation grave. Cette situation génère de l’anxiété et des tensions au sein des communautés.
« Toucher au corps sans un cadre rituel et consenti, c’est porter atteinte à l’âme du défunt et à l’équilibre spirituel de la communauté. »
Des questions éthiques et juridiques préoccupantes
La loi soulève également de sérieuses préoccupations éthiques. Le consentement des familles ou des défunts reste flou. Qui décide réellement ? Les modalités de recueil du consentement ne sont pas clairement définies, ce qui ouvre la porte à des abus. De plus, l’absence d’information préalable et transparente pour les familles est une faille majeure, susceptible de miner la confiance envers le système de santé.
Le Professeur Fouda met aussi en lumière les risques liés à la gestion des greffes. Le système de santé camerounais est-il suffisamment robuste pour garantir la transparence et l’équité dans ce domaine ? Des mécanismes rigoureux sont nécessaires pour prévenir tout trafic d’organes et assurer la protection des donneurs et de leurs familles.
« L’absence d’une information préalable, complète et transparente, est une faute éthique grave. »
L’urgence d’un dialogue national inclusif
Pour le Professeur Fouda, une loi aussi sensible ne peut être imposée sans un débat public large et inclusif. L’absence de consultation des communautés est un échec majeur, car elle prive la législation de son acceptation légitime. Il appelle à l’organisation de forums de discussion et d’ateliers de sensibilisation pour intégrer les voix des leaders communautaires, des autorités religieuses et des citoyens.
Une réforme éthique ne peut naître que d’un dialogue respectueux, harmonisant les impératifs médicaux avec les traditions ancestrales et les valeurs culturelles. C’est à travers cette synthèse que le Cameroun pourra élaborer une loi juste, humainement acceptable et en phase avec son identité collective.

