
⏱️ Pas le temps ? Voici l’essentiel à retenir de cette actualité
- La faim mondiale a légèrement diminué en 2024, mais les progrès sont très inégaux selon les régions.
- L’Afrique reste le continent le plus touché, la sous-alimentation y ayant considérablement augmenté.
- L’inflation des prix alimentaires est devenue un facteur majeur d’aggravation de l’insécurité alimentaire mondiale.
Le dernier rapport de l’ONU sur la sécurité alimentaire et la nutrition dans le monde (SOFI) vient d’être publié. Cette étude cruciale, élaborée par des agences comme la FAO et l’OMS, offre un aperçu des défis persistants et des progrès inégaux dans la lutte contre la faim. Les enjeux mondiaux sont plus complexes que jamais.
Une baisse globale, mais inégale de la faim
Malgré les nombreux défis, le rapport indique un léger recul de la faim en 2024. Environ 673 millions de personnes ont souffert de la faim, ce qui représente une baisse de 15 millions par rapport à l’année précédente. Cette tendance positive marque la troisième année consécutive de diminution du nombre de personnes sous-alimentées globalement. À l’échelle planétaire, 8,2 % de la population mondiale a été confrontée à la sous-alimentation l’année dernière. C’est moins que le pic de 8,7 % observé en 2022. Toutefois, cette amélioration ne doit pas masquer des disparités régionales profondes qui appellent à une vigilance accrue.
La faim mondiale est en déclin, mais les progrès sont inégaux. Le rapport SOFI est un rappel essentiel de la nécessité de travailler en collaboration et avec innovation pour relever les défis rencontrés par les plus vulnérables.
L’Afrique, épicentre de la sous-alimentation
Alors que la situation s’améliore dans certaines parties du globe, le continent africain demeure la seule région où la prévalence de la sous-alimentation a augmenté. Plus d’une personne sur cinq en Afrique, soit près de 307 millions d’individus, est actuellement confrontée à la faim. C’est une proportion de 20,2 % de la population. Depuis 2015, l’Afrique a vu le nombre de personnes chroniquement sous-alimentées croître de 113 millions. Hormis l’Afrique de l’Est, toutes les régions africaines ont enregistré une hausse de la faim en 2024. L’Afrique centrale détient un triste record mondial avec 30,2 % de sa population sous-alimentée. L’Afrique australe a également vu une progression marquée, passant de 7,8 % en 2022 à 10,7 % en 2024.
Plus d’une personne sur cinq vivant en Afrique est désormais confrontée à la faim, soit près de 307 millions de personnes. Cette situation souligne l’urgence d’actions ciblées et durables pour le continent.
L’inflation et l’objectif « Faim zéro » compromis
L’un des facteurs majeurs aggravant la malnutrition est l’inflation. Le rapport de la FAO souligne que la hausse des prix alimentaires a dépassé l’inflation générale depuis 2020. Ceci pèse lourdement sur la capacité des ménages à acheter de la nourriture. Dans les pays à faible revenu, la situation est particulièrement critique. Une part significative de leurs budgets est déjà consacrée à l’alimentation. L’inflation des prix des denrées alimentaires y a atteint 30 % en mai 2023, contre une moyenne mondiale de 13,6 % en janvier 2023. Cette dynamique érode le pouvoir d’achat, exacerbant l’insécurité alimentaire. Une augmentation de 10 % des prix alimentaires est ainsi associée à une croissance de 3,5 % de l’insécurité alimentaire modérée ou grave.
Avec les tendances actuelles, l’objectif « Faim zéro » des Nations Unies, fixé pour 2030, semble hors de portée. On estime que 512 millions de personnes souffriront encore de la faim d’ici cinq ans. L’Afrique pourrait concentrer 60 % de cet effectif global, malgré le fait que l’Asie enregistre actuellement le plus grand nombre de personnes sous-alimentées (323 millions). Toutefois, des politiques publiques bien conçues peuvent modifier cette trajectoire. Les gouvernements peuvent mettre en œuvre des soutiens budgétaires ciblés, renforcer les systèmes de données agricoles pour la transparence des marchés, et développer des systèmes de protection sociale. La mise en place de réserves alimentaires stratégiques est également cruciale pour stabiliser les prix et protéger les populations les plus vulnérables.
