
⏱️ Pas le temps ? Voici l’essentiel à retenir de cette actualité
- Le concept de « Gato international » symbolise la tendance des Camerounais à vénérer ceux qui les oppriment.
- Des exemples concrets montrent comment les citoyens remercient des institutions ou des dirigeants pour des services qui devraient être des droits fondamentaux.
- Cette attitude reflète une acceptation collective de l’échec et un manque de revendication pour des institutions justes et fonctionnelles.
Le terme « Gato international » est devenu un symbole au Cameroun. Il illustre une réalité troublante : la tendance des citoyens à vénérer leurs oppresseurs. Ce phénomène, analysé par le politologue Moussa Njoya, met en lumière des comportements profondément ancrés dans la société camerounaise. Entre humour et tragédie, cette attitude révèle un malaise collectif face à l’échec des institutions et des dirigeants.
« Gato international » : un miroir de la société camerounaise
Le personnage de « Gato international » incarne une réalité qui dépasse le simple divertissement. Ce jeune humoriste, connu pour ses vidéos sur les réseaux sociaux, a récemment été arrêté après une sortie médiatique jugée offensante. Gardé à vue à Yaoundé pendant cinq jours, il a surpris l’opinion publique en multipliant des messages de remerciement envers ceux qui l’avaient incarcéré. Ce comportement a suscité des réactions mitigées, entre indignation et résignation.
Ce cas n’est pas isolé. Selon Moussa Njoya, il reflète une tendance plus large : « Nous sommes tous des Gato international, un peuple qui a l’art de vénérer ses bourreaux. » Cette attitude, bien que choquante, est devenue une norme dans un pays où les citoyens semblent avoir intériorisé l’échec des institutions.
« Nous sommes tous des Gato international, un peuple qui a l’art de vénérer ses bourreaux. » – Moussa Njoya
Des exemples concrets d’une société résignée
La distribution d’eau par la Camwater dans certaines régions illustre parfaitement cette problématique. Alors que le Cameroun dispose d’une hydrographie et d’une pluviométrie importantes, les citoyens en sont réduits à remercier pour des services de base. Lors d’une cérémonie de distribution de citernes d’eau, les populations, y compris des gouverneurs, ont exprimé leur gratitude envers des responsables pourtant incompétents.
Cette scène, qualifiée de « psalmodiassions », montre à quel point les Camerounais acceptent des situations qu’ils devraient normalement contester. Un autre exemple frappant est celui des candidats aux élections présidentielles. Des responsables de partis politiques ont remercié Elecam, l’organe électoral, pour les avoir admis sur la liste des candidats. Une situation absurde, car dans un pays fonctionnel, la participation à une élection devrait être un droit acquis.
Les citoyens camerounais remercient pour des droits qui devraient être garantis par l’État, illustrant une résignation collective.
Un système qui encourage la soumission
Le cas de Bessiping Léopold, président d’un petit parti politique, est révélateur. Après avoir vu son salaire illégalement confisqué par des ministères, il a dû se battre pour récupérer ses droits. Une fois sa situation résolue, il a exprimé sa gratitude envers ceux qui l’avaient injustement privé de ses revenus. Ce comportement, loin d’être isolé, traduit une acceptation tacite de l’injustice.
L’artiste Kobo, dans sa chanson « Boyses and girlses », décrit cette dynamique avec une pointe de cynisme. Il critique l’obséquiosité des Camerounais envers un État qui les prive de services essentiels. Cette attitude, qualifiée de « haine d’État », montre à quel point les citoyens sont conditionnés à accepter leur sort, même lorsqu’il est injuste.
En somme, le concept de « Gato international » met en lumière une réalité complexe. Il invite à réfléchir sur la manière dont les Camerounais perçoivent leurs droits et leurs devoirs envers un État qui, trop souvent, les déçoit.
