
⏱️ Pas le temps ? Voici l’essentiel à retenir de cette actualité
- Les États-Unis et le Soudan du Sud sont en négociations secrètes pour faciliter les déportations de migrants.
- Le Soudan du Sud pose des conditions strictes pour accepter les déportés, notamment la levée de sanctions américaines.
- Cette démarche s’inscrit dans une stratégie plus large des États-Unis visant à externaliser les déportations vers des pays tiers.
Depuis son retour au pouvoir en 2025, le président américain Donald Trump intensifie les efforts pour accélérer les déportations de migrants sans papiers. Parmi les pays ciblés, le Soudan du Sud, la plus jeune nation d’Afrique, fait l’objet de négociations discrètes. Ces discussions révèlent des enjeux diplomatiques complexes et des exigences audacieuses de la part de Juba.
Le Soudan du Sud pose ses conditions
Selon des sources diplomatiques citées par Politico, le Soudan du Sud a exprimé une volonté conditionnelle d’accepter des déportés américains. Parmi les demandes formulées, le pays souhaite la levée des restrictions de visa imposées aux citoyens sud-soudanais par le secrétaire d’État Marco Rubio en avril dernier. Juba réclame également la réactivation d’un compte bancaire sud-soudanais gelé à la Federal Reserve Bank de New York et le soutien des États-Unis pour poursuivre le vice-président Riek Machar, actuellement sous résidence surveillée.
Pour l’heure, l’administration Trump n’a pas encore accepté ces requêtes. Cependant, Santino Dicken, ambassadeur du Soudan du Sud à Washington, a déclaré : « Le Soudan du Sud continuera à être un allié des États-Unis et à soutenir les politiques du président Trump. Mais nous espérons que nos partenaires comprendront que, pour convaincre nos citoyens, nous demandons la levée des restrictions de visa. »
« Nos partenaires doivent comprendre que, pour convaincre nos citoyens, nous demandons la levée des restrictions de visa. »
Une stratégie controversée de déportations vers des pays tiers
Ces négociations s’inscrivent dans une stratégie plus large des États-Unis visant à déporter des migrants vers des pays tiers, même lorsque ces derniers n’ont aucun lien avec les déportés. Cette approche, déjà mise en œuvre avec des pays comme l’Eswatini, suscite des critiques. En août dernier, cinq détenus jugés « dangereux » par les autorités américaines ont été envoyés à l’Eswatini après que leurs pays d’origine aient refusé de les accueillir. Cette pratique est dénoncée par des experts juridiques et des défenseurs des droits humains, qui estiment qu’elle pourrait violer le droit international et les principes de due process.
Une enquête récente révèle que 58 % des Américains s’opposent à ces déportations vers des pays où les migrants pourraient être en danger ou n’auraient pas accès à des procédures équitables. Malgré cela, l’administration Trump semble déterminée à poursuivre cette politique.
Des résistances en Afrique
Certains pays africains, comme le Nigeria, refusent de se plier à ces pressions. Le ministre des Affaires étrangères nigérian, Yusuf Tuggar, a récemment déclaré : « Le Nigeria ne servira pas de dépotoir pour les migrants sans papiers afin de faciliter l’application des lois américaines sur l’immigration. » Cette position ferme reflète une méfiance croissante face à des accords jugés opaques et potentiellement contraignants.
Pour le Soudan du Sud, ces négociations représentent une opportunité de renouer des liens diplomatiques avec Washington, après des années de tensions liées à des conflits internes et des violations des droits humains. Cependant, les exigences de Juba pourraient compliquer les discussions, notamment en raison des réticences américaines à lever des sanctions.
