
⏱️ Pas le temps ? Voici l’essentiel à retenir de cette actualité
- Le Congo investit massivement dans les biocarburants avec Eni, visant 700 000 tonnes de production annuelle.
- Des doutes subsistent sur l’impact de ces projets dans la Bouenza, surnommée le « grenier du Congo ».
- La sécurité alimentaire du pays est menacée, avec 33 % de la population en insécurité alimentaire.
Le Congo s’engage dans une stratégie ambitieuse pour devenir un acteur majeur des biocarburants, notamment grâce à un partenariat avec le groupe italien Eni. Cependant, cette orientation suscite des inquiétudes quant à ses répercussions sur la sécurité alimentaire du pays.
Un partenariat prometteur avec Eni
En juin dernier, Eni a inauguré une unité d’extraction d’huile de soja et de tournesol à Loudima, dans la région de la Bouenza. Ce projet s’inscrit dans une vision plus large : cultiver et transformer des matières premières agricoles sur des milliers d’hectares, destinées aux bioraffineries européennes. Le groupe prévoit une production annuelle de 700 000 tonnes d’ici 2030, avec la création de 90 000 emplois directs.
Eni affirme que les cultures sont implantées sur des terres « dégradées », sans impact sur les surfaces vivrières locales. Cependant, aucune évaluation indépendante n’a confirmé cette déclaration.
Cette initiative semble alignée avec les normes européennes, notamment la Renewable Energy Directive (RED II et RED III), qui visent à garantir une transition énergétique respectueuse des équilibres sociaux et alimentaires. Mais cette promesse repose uniquement sur les déclarations des opérateurs.
La Bouenza, un « grenier » en question
La région de la Bouenza, surnommée le « grenier du Congo », est historiquement essentielle pour la production vivrière. Elle est connue pour ses terres fertiles, où l’on cultive traditionnellement du manioc, de l’arachide, du haricot, de l’igname ou encore du maïs. Or, c’est précisément dans cette région que les cultures destinées aux biocarburants sont implantées.
En absence de vérification publique et indépendante, l’Union européenne n’a aucune garantie que ses propres règles d’approvisionnement sont respectées. Ce manque de transparence soulève des questions sur les priorités du projet.
Une sécurité alimentaire fragile
Le Congo ne produit que 30 % de sa consommation alimentaire localement, selon l’ONU. D’après le Programme alimentaire mondial, 20 % des enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition chronique, et 33 % de la population vit en situation d’insécurité alimentaire.
Dans ce contexte, la production de biocarburants destinés à l’exportation pourrait aggraver les tensions sur les ressources agricoles locales.
Des enjeux économiques et sociaux contradictoires
Le projet de biocarburants promet des retombées économiques importantes, avec des emplois et des investissements. Cependant, il met en lumière un dilemme : privilégier une transition énergétique mondiale ou renforcer la souveraineté alimentaire locale ?
En l’absence de garanties solides sur l’utilisation des terres, le Congo risque de sacrifier ses ressources agricoles au profit d’une industrie exportatrice. Ce choix pourrait avoir des conséquences durables sur la sécurité alimentaire et la stabilité sociale du pays.
