
⏱️ Pas le temps ? Voici l’essentiel à retenir de cette actualité
- Le recours des candidats recalés à la présidentielle de 2025 au Conseil constitutionnel est critiqué pour son manque de neutralité.
- Jean-Pierre Bekolo et Kah Walla dénoncent un système judiciaire instrumentalisé par le régime en place.
- L’opposition camerounaise est appelée à dépasser le juridisme pour un combat politique plus large.
Alors que les candidats recalés à la présidentielle de 2025 au Cameroun déposent des recours au Conseil constitutionnel, des voix s’élèvent pour dénoncer un système judiciaire biaisé. Le cinéaste Jean-Pierre Bekolo et la présidente du Cameroon People’s Party, Kah Walla, critiquent une justice qui, selon eux, ne fait que maintenir les apparences d’un État de droit.
Un Conseil constitutionnel sous influence ?
Dans une chronique incisive, Jean-Pierre Bekolo qualifie les procédures judiciaires actuelles de « spectacle ». Il pointe du doigt le Conseil constitutionnel, présidé par Clément Atangana, qu’il accuse d’être inféodé au Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), le parti au pouvoir. Selon lui, cette institution, composée d’anciens fidèles du régime, n’a jamais invalidé un processus électoral ni sanctionné une fraude manifeste.
« Derrière les décors, les ficelles sont grossières. La Cour constitutionnelle elle-même n’échappe pas aux soupçons d’allégeance au RDPC. »
Bekolo dénonce des audiences télévisées et des plaidoiries passionnées qui ne servent qu’à donner l’illusion d’un État de droit. Pour lui, les opposants qui se tournent vers cette justice se heurtent à un système où les dés sont déjà pipés.
Le cas Maurice Kamto : un exemple de manipulation ?
L’exclusion de Maurice Kamto de la course présidentielle par ELECAM illustre, selon Kah Walla, les limites de ce système. Elle critique le rôle ambigu de Paul Atanga Nji, ministre de l’Administration territoriale et cadre dirigeant du RDPC.
« Comment un soi-disant arbitre peut-il être aussi un joueur ? »
Kah Walla estime que l’exclusion de Kamto n’est pas une erreur juridique, mais une opération stratégique déguisée en procédure légale. Elle met en lumière les manipulations autour du calendrier électoral et les accusations de fraude planifiée. Pour elle, le recours juridique devient une forme de capitulation face à un système verrouillé.
Le juridisme : une impasse pour l’opposition ?
Jean-Pierre Bekolo et Kah Walla appellent l’opposition à dépasser le juridisme, c’est-à-dire la confiance excessive dans les procédures et les textes. Ils estiment que dans un pays où l’administration, les médias et les juges sont enrôlés au service du pouvoir, le combat démocratique ne peut se réduire à une bataille de paragraphes.
Kah Walla insiste sur la nécessité de nommer le mensonge et de désobéir au scénario imposé. Même si Maurice Kamto était autorisé à concourir, cela pourrait servir à légitimer un scrutin déjà truqué. Pour elle, l’opposition doit exister contre les institutions tant qu’elles resteront des instruments d’un pouvoir cynique.
En somme, le recours juridique, bien qu’important, ne peut être la seule stratégie. L’enjeu réside dans la capacité du peuple à imposer au droit de ne pas trahir la vérité.
