
⏱️ Pas le temps ? Voici l’essentiel à retenir de cette actualité
- L’économie numérique africaine attire les investisseurs, mais les flux peinent à suivre.
- Les infrastructures insuffisantes et les coûts élevés du capital freinent l’essor du secteur.
- Des initiatives comme la Stratégie de Transformation Numérique de l’Union Africaine visent à renforcer le secteur.
L’économie numérique africaine suscite un intérêt croissant des investisseurs étrangers, mais des défis majeurs freinent son développement. Entre infrastructures insuffisantes, coûts élevés et déséquilibres géographiques, le secteur peine à transformer cet engouement en flux de capitaux concrets.
Un secteur numérique en plein essor, mais des investissements inégaux
En 2024, les investissements directs étrangers (IDE) vers l’Afrique ont atteint 97 milliards de dollars, soit une hausse de 75 % par rapport à 2023. Ce bond spectaculaire est principalement porté par des mégaprojets, comme la ville intelligente de Ras El-Hekma en Égypte, évaluée à 35 milliards de dollars. Cependant, hors de ce projet, les investissements étrangers n’ont progressé que de 12 %, révélant une dynamique fragile.
L’Afrique subsaharienne, en particulier, n’a reçu que 5 % des 14 milliards de dollars nécessaires annuellement pour combler son fossé de connectivité. En comparaison, l’Asie du Sud et le Moyen-Orient enregistrent des besoins bien plus importants, mais des investissements stagnants. Ce contraste montre que l’Afrique, malgré son potentiel, reste en marge des grands flux d’investissements numériques.
« L’Afrique subsaharienne n’a reçu qu’environ 5 % des 14 milliards de dollars nécessaires chaque année pour combler son fossé de connectivité. »
Des infrastructures essentielles, mais insuffisantes
Les centres de données, piliers de la souveraineté numérique, sont encore rares en Afrique. Entre 2020 et 2024, seulement 16 entreprises ont investi dans les pays moins avancés, avec des projets évalués à 2,07 milliards de dollars. Des acteurs comme Cloudflare, Raxio Group ou encore Vodafone Group ont initié des projets, mais ils restent insuffisants pour soutenir la croissance des services numériques, tels que le cloud computing, l’IA ou les fintechs.
En parallèle, les économies développées et l’Asie captent la majorité des investissements dans la fabrication d’équipements TIC. L’Afrique et l’Amérique latine n’ont attiré que 8 milliards et 11 milliards de dollars respectivement, contre 369 milliards pour les économies développées et 191 milliards pour l’Asie. Ce déséquilibre reflète un manque d’infrastructures et de capacités industrielles sur le continent africain.
Des initiatives ambitieuses, mais des résultats mitigés
Pour remédier à ces défis, des initiatives comme la Stratégie de Transformation Numérique de l’Union Africaine (2020–2030) visent à construire une économie numérique intégrée et inclusive. Cependant, seuls 20 % des pays africains mentionnent explicitement les agences de promotion de l’investissement dans leurs stratégies numériques. Ce manque de coordination freine la mobilisation des capitaux étrangers.
Le coût élevé du capital et les incertitudes réglementaires compliquent également l’implication du secteur privé. Par exemple, seulement 3 % des investissements de capital-investissement technologique mondial entre 2020 et 2024 ont été dirigés vers l’Afrique. Les principaux investisseurs, comme la Chine et les entreprises européennes, restent prudents, privilégiant des secteurs traditionnels plutôt que le numérique.
Pour que l’Afrique devienne un véritable hub numérique, il est crucial de renforcer les infrastructures, d’harmoniser les politiques et de créer un environnement réglementaire stable. L’avenir du secteur dépendra de la capacité des États à attirer des investissements de qualité, capables de générer emplois et innovations.
