
⏱️ Pas le temps ? Voici l’essentiel à retenir de cette actualité
- Le Maroc réforme son Conseil national de la presse, suscitant des débats.
- Le pays progresse dans le classement mondial de la liberté de la presse.
- Certains craignent une instrumentalisation politique de cette réforme.
Le Maroc vient de franchir une nouvelle étape dans la réorganisation de son Conseil national de la presse (CNP), une réforme qui divise tout en marquant une avancée symbolique pour la liberté de la presse dans le pays.
Une réforme en profondeur pour le CNP
Le 22 juillet dernier, les députés marocains ont approuvé le projet de loi n° 26.25, visant à réorganiser le CNP. Ce vote, adopté par 87 députés contre 25, sans abstention, modifie en profondeur le fonctionnement de cette instance créée en 2018. Le ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Mohamed Mehdi Bensaïd, a résumé l’esprit de cette réforme : « Il n’y a pas de démocratie sans journalistes protégés, mais il n’y a pas de journalisme sans responsabilité. »
Cette refonte intervient après des années de blocages internes et l’incapacité du CNP à organiser les élections professionnelles dans les délais prévus. Parmi les 249 amendements examinés, 45 modifications ont été adoptées, notamment sur les attributions, la composition et le fonctionnement du Conseil.
L’un des changements majeurs concerne le mode de désignation des éditeurs au sein du Conseil, qui ne se fera plus par élection, mais par consensus entre organisations professionnelles.
Des avancées saluées, mais des critiques persistantes
Si certains ajustements sont salués, d’autres suscitent des débats. La désignation des éditeurs par consensus, bien que justifiée par la volonté d’éviter les impasses, est perçue par l’opposition comme une entorse aux principes démocratiques. « L’élection constitue la plus haute forme de pratique démocratique », ont rappelé les opposants.
Un autre point controversé a été résolu : l’article autorisant la suspension d’un journal pour trente jours sans décision judiciaire a été retiré. Cette suppression est vue comme une victoire pour les défenseurs des libertés publiques. Cependant, le consensus reste fragile. Le Syndicat national de la presse marocaine, tout en saluant certains changements, dénonce un manque de concertation initiale.
Les journalistes indépendants, eux, craignent une possible instrumentalisation politique du CNP. Ces inquiétudes viennent tempérer l’optimisme autour de cette réforme.
Une progression timide dans le classement mondial de la liberté de la presse
Cette réforme intervient dans un contexte où le Maroc enregistre une progression notable dans le classement mondial de la liberté de la presse. Le pays gagne neuf places, passant de la 129ᵉ à la 120ᵉ position sur 180 pays en 2025. Bien que relative, cette amélioration est perçue comme un signe de volonté de réforme et d’ouverture, encore fragile.
Le projet de loi sera examiné par la Chambre des conseillers en septembre. Si adopté, le nouveau Conseil pourrait être opérationnel avant la fin de l’année 2025. Cette réforme, bien que controversée, pourrait marquer un tournant pour la liberté de la presse au Maroc, à condition que les craintes d’instrumentalisation soient apaisées.
