
⏱️ Pas le temps ? Voici l’essentiel à retenir de cette actualité
- La numérisation en Afrique favorise la mobilité professionnelle, mais des obstacles structurels persistent.
- Les inégalités d’accès et de gouvernance freinent l’impact du numérique sur le développement social et économique.
- Des politiques publiques volontaristes et des investissements dans les infrastructures sont essentiels pour maximiser les bénéfices du numérique.
Le numérique est souvent présenté comme un outil clé pour transformer l’Afrique. Pourtant, son impact réel dépend de nombreux facteurs, notamment des infrastructures et des politiques publiques. Un rapport récent du Fonds monétaire international (FMI) met en lumière les opportunités et les défis liés à cette transformation.
Des effets mesurés, des écarts persistants
Selon le FMI, la numérisation en Afrique, mesurée par l’accès aux câbles sous-marins et la possession de téléphones mobiles, influence positivement la mobilité professionnelle. Une étude menée dans 27 pays africains montre que la connexion aux câbles sous-marins augmente la probabilité de mobilité ascendante de 17,5 à 26,7 points de pourcentage. La possession d’un téléphone mobile, quant à elle, accroît ces chances de 8 à 10,7 points. Cependant, ces effets varient fortement d’un pays à l’autre. Par exemple, à Maurice, 75 % des enfants de travailleurs agricoles accèdent à des emplois qualifiés, contre seulement 2 % au Burkina Faso.
Ces écarts s’expliquent par des différences d’infrastructures, de politiques publiques et de stabilité institutionnelle.
Le numérique, un catalyseur sous conditions
Le FMI souligne que l’impact du numérique dépend fortement du contexte institutionnel. La digitalisation n’est efficace que si elle s’accompagne d’investissements dans les infrastructures et de politiques publiques volontaristes. Les pays où les gouvernements soutiennent activement les technologies de l’information et de la communication (TIC) voient les bénéfices du numérique amplifiés. Par contre, l’absence de ces catalyseurs limite son effet sur la mobilité sociale.
Passer du 25e au 75e percentile de l’indice de qualité institutionnelle augmente la probabilité de mobilité ascendante de 8,8 points et réduit celle de déclassement de 3,2 points.
Des fractures numériques et sociales persistantes
Malgré les progrès, les inégalités d’accès au numérique restent préoccupantes. En 2024, seulement 38 % des Africains étaient connectés à Internet, avec de fortes disparités entre les milieux urbain (57 %) et rural (23 %), selon l’Union internationale des télécommunications (UIT). De plus, une fracture numérique de genre persiste : 43 % des hommes utilisent Internet contre 31 % des femmes.
L’Association mondiale des opérateurs de téléphonie mobile (GSMA) pointe également les pressions fiscales sur les opérateurs comme un frein à l’adoption des outils numériques. Sans politiques ciblées, le numérique risque de devenir un facteur d’exclusion supplémentaire.
En conclusion, le numérique a le potentiel de transformer l’Afrique, mais ce potentiel ne se réalisera que si les États investissent dans l’éducation, les infrastructures et la gouvernance.

